Présentiel, distanciel, hybride, beaucoup de postures possibles

Dans mon UFR, au premier semestre de l’année universitaire 2020-2021, toute forme d’enseignement à distance à d’abord été interdite par la gouvernance locale, puis une posture d’enseignement comodal simultané en demi effectif a été imposée par la gouvernance de l’université et /ou nos autorités de tutelle, et finalement nous avons basculé presque tous les enseignements en distanciel par décision gouvernementale. Nous avons donc pratiqué successivement trois modes d’enseignement différents en quelques semaines et pu constater certains défauts et avantages de chacun d’eux. Mais le nivellement imposé lors des deux premiers épisodes nous a empêché de mettre en place des pédagogies plus souples et peut être plus efficaces.

Sur la figure ci-dessous, j’ai tenté de résumer de manière très simplifiée différents modes d’enseignement susceptibles d’être utilisés pour réaliser, dans un contexte hybride ou distanciel, une prestation identifiée comme une séance d’enseignement (CM, TD ou TP) dans les fiches filières officielles ou les emplois du temps qui sont implicitement conçus sur la base d’enseignements en présence.

Vocabulaire

Deux modes de supervision peuvent être distingués :

  • Encadré, qui s’applique à des activités regroupées dans un créneau horaire bien défini, par exemple de 2 heures, supervisée par un enseignant ou une enseignante actif ou disponible pendant toute la durée de la séance.
  • En autonomie, qui s’applique à des activités que l’élève réalise seul, en communiquant occasionnellement avec un enseignant ou une enseignante, sur une période de l’ordre de la semaine, voire plus.

Deux situations peuvent être considérées au regard de la distance physique entre élèves et enseignants ou enseignantes :

  • Enseignant présent : l’enseignant est physiquement présent ou l’enseignante physiquement présente aux cotés des élèves dans un salle située à l’université.
  • Enseignant distant : toutes les autres situations.

Lorsque l’enseignant ou l’enseignante intervient à distance, deux cas peuvent être envisagés :

  • Les élèves sont à l’université, par exemple dans une salle équipée pour une visioconférence ou dans une salle équipée d’ordinateurs ou dans une salle banalisée avec ordinateur portables à disposition.
  • Les élèves travaillent à distance, en dehors des locaux de l’université.

Postures envisageables

Cette forme condensée sera utilisée pour présenter les différents modes d’enseignement présentés ensuite.

Mais d’ores et déjà une première question se pose. Faut il exclure d’emblée certaines des quatre possibilités exprimées ? Ma réponse est non. La situation plus exotique est celle où les élèves sont à l’université et l’enseignant ou l’enseignante intervient à distance. Mais je pense qu’à minima cette situation peut être utile à titre de dépannage, par exemple pour des élèves ne pouvant travailler à domicile ou encore si une enseignante ou un enseignant est dans l’impossibilité quitter son domicile.

Quelques combinaisons intéressantes

Formules déjà couramment expérimentées à l’ université

L’enseignement traditionnel peut être représenté de la manière suivante.

L’enseignement comodal simultané en demi effectif qui a été imposé dans mon UFR au milieu du premier semestre 2020 peut être représenté de cette façon.

L’enseignement à distance simultané que la plupart des enseignants et enseignantes ont pratiqué pendant les confinements de l’année 2020 correspond à cette représentation.

La branche surlignée en bleu clair correspond au cas d’élèves sous-équipés pouvant suivre des enseignements dans les locaux de l’université.

Formules plus innovantes

L’approche suivante consiste en un enseignement hybride dans lequel les activités à distance sont réalisées en autonomie, ce qui permet à l’enseignant ou à l’enseignante de consacrer plus de temps et d’attention à chaque élève en présence en comparaison avec le comodal simultané.

La même approche peut être envisagée dans le cadre d’un enseignement complètement à distance, notamment lorsque les conditions sanitaires ne permettent pas le présentiel, mais pourquoi pas aussi lorsque ce mode de fonctionnement est susceptible d’être plus efficace que l’approche hybride ?

Une autre possibilité consiste à permettre à l’enseignant ou à l’enseignante d’intervenir à distance pour des raisons de commodité (meilleures conditions de travail) auprès d’un groupe d’élèves tenus de travailler à domicile et un autre qui doit être présent à l’université.

Demi effectif imposé ou présentiel facultatif ?

Pour toutes les situations faisant apparaitre une séparation des élèves d’une même séance en deux parties, indiquées sur les illustrations précédentes par le terme 1/2 effectif (on parle parfois aussi de demi-jauge), deux approches sont envisageables :

  1. Imposer à chaque élève d’être présent en salle d’enseignement lors de certaines séances (par exemple une séance sur deux ou une semaines sur deux) et de télé-travailler le reste du temps.
  2. Donner à chaque élève, sous réserve de compatibilité avec les contraintes imposées par tous les enseignements qu’il ou elle doit suivre et de disponibilité de places en présence, la possibilité de choisir de participer à certaines séances à distance ou en présence.

Pourquoi proposer aux élèves, lorsque c’est possible, de choisir entre télé-travailler ou travailler dans une salle en présence d’un enseignant ? Parce-que les besoins de chacun et chacune sont différents. Certaines personnes sont plus autonomes, ou simplement plus en avance dans leur progression, le port du masque n’affecte pas tout le monde de la même manière…

Quelle approche choisir ?

A mon avis, il faut rester ouvert à toutes les approches possibles et ne surtout pas chercher à imposer une méthode unique à tous les enseignants et à toutes les enseignantes d’un établissement. Au contraire, ils faut leur donner la plus grande liberté possible de choisir les modalités d’enseignement qu’ils estiment être les plus adaptées à leurs objectifs pédagogiques et à leur public, dans la limite de la faisabilité.

Par ailleurs, chacune des modalités décrites dans ce billet peut permettre plusieurs formes de pédagogie, telles que synchrone (sauf pour le travail en autonomie) versus asynchrone, différenciée versus unifiée. En pédagogie synchrone, tous et toutes les élèves font la même chose en même temps. En pédagogie différenciée, on adapte les objectifs les activités aux acquis et à la vitesse d’assimilation des élèves pour optimiser l’efficacité de leur apprentissage.