Enseigner et apprendre : les fondamentaux

Occasionnellement, j’essaie de faire le point sur le sens et la pertinence de mes pratiques d’enseignement. Voici un résumé de ce que je considère comme essentiel à cet égard en juillet 2020.

Les idéaux

Il faut faire la distinction entre ce qu’on considère comme idéal en matière pédagogique et ce qui est effectivement réalisable au regard des contraintes qui nous sont imposées dans notre activité quotidienne de l’enseignement. Ici, je développe les principes qui, de mon point de vue, devraient être idéalement appliqués. Même s’ils ne sont pas applicables pour des raisons administratives, matérielles, sanitaires ou autres, ils permettent de définir un cap, une direction dans laquelle essayer de faire évoluer les pratiques pédagogiques.

Au stade actuel de mes connaissances, expériences, échanges, constatations, voici l’état de mes réflexions. Je suppose ici que le public ciblé est volontaire et motivé pour recevoir l’enseignement à dispenser.

Des objectifs atteignables

Les objectifs pédagogiques, c’est-à-dire les compétences à acquérir et les connaissances à assimiler doivent être à la portée du public ciblé dans les délais imposés. Un objectif inatteignable est contreproductif.

Un rythme adapté

Tout le monde n’assimile pas à la même vitesse. Même dans une classe regroupant des élèves de même âge, issus de parcours similaires et/ou ayant les mêmes diplômes, certains sont beaucoup, beaucoup plus rapides que d’autres. Pour optimiser la progression de chacun, il faut lui permettre d’aller à son propre rythme, au mieux de ses possibilités.

Des activités adaptées

A une étape donnée de son apprentissage, chaque élève a besoin de faire des exercices adaptés à son niveau et a ses objectifs. Un exercice trop facile n’apporte pas grand-chose. Un exercice trop difficile est contreproductif. Il bloque la progression et entraîne une perte de temps et un risque de découragement.

Un feedback régulier

Chaque élève doit être régulièrement informé des objectifs qu’il a atteint et de ceux qu’il n’a pas encore atteint. Pour cela, il doit avoir accès à des indicateurs qui peuvent être obtenus notamment par des évaluations formatives qui peuvent être des auto-évaluations ou des évaluations supervisées par l’Enseignant avec droit à l’erreur.

Une évaluation sommative

À l’issue d’une formation, chaque élève puisse disposer d’un bilan des compétences qu’il a effectivement acquises et / ou des savoirs qu’il a effectivement assimilés et / ou des objectifs qu’il a atteints et qui lui permette de faire valoir ses acquis. C’est le rôle d’une évaluation sommative pouvant avoir un caractère certificatif.

Un bon alignement pédagogique

Il faut que les objectifs, les activités proposées et les évaluations sommatives soient alignées. Cela suppose que les évaluations sommatives et formatives déterminent précisément si les objectifs sont atteints et qu’elles soient basées sur des activités similaires à certaines de celles ayant été proposées au cours des enseignements.

Un cadre stimulant

L’ambiance qui règne lors des séances d’enseignement, le ton des échanges entre Étudiants et Enseignants, la nature des activités proposées doivent être propices à créer et entretenir la curiosité, la motivation, l’envie d’apprendre.

Compromis entre les idéaux et les conditions pratiques d’activité

Comment faire pour se rapprocher autant que possible des idéaux lorsqu’on est confronté à une situation d’enseignement de masse avec des moyens limités ? Je n’ai pas de réponse universelle mais quelques idées qui ont déjà donné des résultats prometteurs.

Un enseignement modulaire

Décomposer les attendus en objectifs intermédiaires, identifiés par exemple par des badges, et spécifier les prérequis entre badges pour permet de proposer aux élèves des parcours adaptés au niveau, aux acquis et à la capacité de travail et à la motivation de chacun. Cela peut se faire en identifiant des badges obligatoires pour valider l’unité d’enseignement concernée et d’autres facultatifs, qui proposent d’acquérir des compétences supplémentaires récompensées par une meilleure note.

Une progression personnalisée

Il faut respecter la vitesse de progression de chaque élève en lui permettant de faire à son propre rythme, au mieux de ses possibilités, les activités associées aux badges qu’il doit préparer. Cela implique que tous les élèves ne font pas les mêmes activités au même moment et que chaque élève ait la possibilité de valider chaque badge de son parcours au moment où il est prêt. Cela implique aussi de renoncer à un enseignement frontal et simultané.

Le droit à l’erreur

Un échec lors d’une tentative de validation d’un badge ne doit pas pénaliser un élève en plombant ses chances de valider ce badge plus tard. Dans la mesure du possible, une nouvelle occasion doit lui être proposée et le résultat de la première évaluation ne doit pas être pris en compte si le suivant est meilleur.

Développer l’autonomie

Le matériel pédagogique doit permette à chaque élève de travailler de manière autonome de manière à optimiser sa progression en étant aidé par l’Enseignant mais sans dépendre d’un accompagnement permanent.