Notes de lecture : Activer ses neurones pour mieux apprendre et enseigner

Ce livre de Steve Masson, chercheur Québecois en neuroéducation, m’a donné de nombreuses pistes pour améliorer mes stratégies pédagogiques et conseiller mes étudiantes et étudiants. Je donne ici celles qui me paraissent les plus importantes pour le type d’enseignement que je pratique et le public adulte visé.

Attitudes actives versus passives

Les attitudes actives, telles que répondre à des questions, traiter des exercices, reformuler un texte, construire une explication, rechercher une information, établir des liens avec ce qu’on connait déjà, anticiper ce qui vient, se demander pourquoi l’auteur présente l’information de cette façon plutôt qu’une autre, etc., favorisent l’apprentissage, contrairement aux attitudes passives telles qu’une lecture ou une écoute superficielle, « au fil de l’eau », comme quand on lit un roman ou quand on regarde un film.

Pratiques déconseillées

  • Tout ce qui peut distraire la personne apprenante (discussions, bruit de fond, réseau sociaux, proximité d’une personne qui joue sur son ordinateur…
  • La lecture et l’écoute passive.
  • Les entraînements prolongés sur le même sujet.
  • Activer une erreur de manière répétée, c’est à dire faire l’erreur sans s’en rendre compte.
  • Recourir à des situations complexes lors des premières étapes d’apprentissage.
  • Traiter des exercices trop faciles.
  • Relire la solution d’un exercice au lieu d’essayer de la retrouver en traitant à nouveau cet exercice.
  • Pour la personne enseignante, obliger un élève à répondre trop rapidement à une question, ou lui donner trop rapidement la réponse, ou, pour l’élève, tenter de répondre trop rapidement.
  • Regrouper les questions du même type car cela rend les exercices plus faciles, mais cette facilité trop grande nuit à l’apprentissage.

Pratiques dont il faut se méfier

Ces pratiques peuvent être bénéfiques dans certaines situations mais contreproductives dans d’autres situations.

  • Utiliser trop souvent la pédagogie par découverte, qui consomme beaucoup de temps, au détriment d’approches plus directes et explicites.
  • Construire des auto-explications sur des connaissances erronées.
  • Prendre pour argent comptant des explications spontanées non vérifiées, qui peuvent être incorrectes.
  • Faire des efforts inutiles pour assimiler certaines notions alors qu’on ne possède pas les prérequis.

Pratiques conseillées

  • Être actif, i.e., privilégier les activités où les apprenants doivent produire quelque chose : une réponse, une explication, une démarche pour résoudre un problème, etc.
  • Planifier des activités de réactivation des connaissances et compétences. Laisser au moins une période de sommeil entre deux entraînements sur le même sujet. Espacer suffisamment les séances d’entraînement, c’est à dire le temps d’oublier un peu. (Par exemple, 6 périodes d’une heure sont préférables à 2 périodes de 3 heures.) Augmenter progressivement le temps entre deux périodes d’apprentissage sur un même sujet. Entrelacer les types d’activités, les types d’exercices, revenir sur les contenus déjà abordés. Alterner des périodes d’entraînement et périodes d’étude.
  • Maximiser la rétroaction. Équilibrer les rétroactions positives (confirmation de réussite) et négatives (signaler et expliquer une erreur) en dosant la difficulté des exercices et tests. En conséquence, les activités d’apprentissage doivent être ni trop faciles ni trop difficiles, ni trop souvent réussies, ni trop souvent échouées. Privilégier la rétroaction immédiate sauf pour des tâches très complexes pour ne pas rompre la concentration ni surcharger la personne apprenante. Donner accès aux personnes apprenantes à une source leur permettant d’obtenir par eux-mêmes de la rétroaction. Utiliser la technologie pour fournir une rétroaction automatisée.
  • Faire fréquemment des tests, en variant les formats et les questions qui les composent, et avec une rétroaction en donnant les réponses correctes.
  • Changer de contexte (salle d’enseignement, travail à domicile, présentiel, distanciel…)
  • Associer la réussite à un processus exigeant prérequis, efforts et stratégie.
  • Dialoguer avec une personne qui accepte d’être interrompue.

Pratiques conseillées aux personnes apprenantes

  • Faire des pauses explicatives pour élaborer des explications des phénomènes, des démarches présentées lors des enseignement. Toujours vérifier que les explications produites sont correctes !
  • Se poser des questions à soi-même et essayer d’y répondre en silence ou à haute voix, telle que par exemple « Pourquoi ceci est vrai et pas cela » ? Plus les connaissances antérieures sont grandes, plus l’élaboration d’explications aura des effets bénéfiques sur l’apprentissage.
  • S’auto-expliquer les étapes à suivre pour résoudre un problème.
  • Réaliser des fiches de révision avec au recto des questions et au verso leurs réponses.
  • Au lieu de relire ses notes de cours, l’étudiant devrait masquer ses notes et s’auto-questionner sur le contenu, en essayant de s’en souvenir, notamment en répondant à ses propres questions.
  • Pour les individus souhaitant apprendre de façon autodidacte, il est important de rechercher constamment de la rétroaction, qu’elle soit positive ou négative, de ses pairs ou de personnes-ressources.

Pratiques conseillées aux personnes enseignantes

  • Fixer des attentes élevées, mais réalistes. Les activités d’apprentissage doivent être suffisamment faciles pour que l’apprenant puisse vivre des réussites.
  • Privilégier des approches d’apprentissage directes et explicites
  • Donner des indices plutôt que des réponses ou solutions aux exercices.
  • Faire des rétroactions élaborées qui portent non seulement sur la réponse, mais aussi sur le processus menant à cette réponse et sur les stratégies à utiliser durant la tâche.
  • Laisser du temps après avoir posé une question.
  • Expliquer pourquoi une réponse est correcte ou incorrecte. Éviter de donner seulement la réponse correcte en guise de rétroaction.
  • Éviter de parler lorsque les élèves cherchent une information dans leur tête pour ne pas perturber le processus de récupération en mémoire.
  • Poser des questions sur des contenus abordés il y a longtemps.

Carte mentale

J’ai repris ces éléments dans une carte mentale à laquelle j’ai ajouté quelques citations qui m’ont marqué.