J’ai déjà eu l’occasion d’enseigner à distance lors des précédents confinements, mais sans préparation, au milieu de cours déjà commencés en présence. Cette fois-ci, je commence à distance et j’ai eu un peu de temps pour réfléchir à une pédagogie adaptée.
Ce billet est un retour d’expérience sur le premier cours d’un parcours pédagogique dont tout ou partie des enseignements se feront à distance pendant une période encore indéterminée. Il s’agissait d’un « cours magistral » avec 120 élèves inscrits, et il n’était pas question de reproduire le schéma traditionnel de l’enseignement frontal en amphithéâtre, que j’ai d’ailleurs en partie abandonné depuis longtemps en présence pour raison d’inefficacité.
La séance s’est déroulée en mode asynchrone. Chaque étudiante et chaque étudiant devaient suivre à son propre rythme un même parcours, constitué de plusieurs étapes, ce qui implique qu’après 2 heures, tous et toute n’en soient pas au même stade. Les vitesses d’apprentissage étant très variables d’une personne à l’autre, il est en effet contreproductif d’imposer le même rythme à tout le monde : Cela peut créer une certaine émulation si les différences de niveaux sont réduites, mais quand elles sont très importantes, certains s’ennuient et d’autres sont découragés. Mieux vaut privilégier un apprentissage en profondeur et assumer que tous les élèves ne seront pas en mesure d’assimiler tout le programme, plutôt que laisser décrocher une grande partie d’entre-eux.
J’avais un public de 101 étudiants et étudiantes invisibles à gérer, connectés à une réunion Teams (l’environnement de travail collaboratif de Microsoft). C’est une bonne fréquentation pour le premier cours d’une unité d’enseignement. Les ressources pédagogiques sont accessible sous la forme d’un tableau padlet organisé en colonne.
Le parcours à suivre durant la séance comporte quatre étapes numérotées A1 à A4. Le contenu de chaque étape est réparti dans une ou plusieurs fiches. Des exercices de découverte sont proposés à l’issue de chaque étape, et des exercices d’assimilation sont proposés après la dernière étape. Le contenu peut être consulté soit en cliquant sur les fiches, soit sous forme d’un document pdf, soit en visionnant une vidéo.
Chaque élève doit suivre ces étapes en utilisant le médium de son choix (fiches cliquables, pdf, vidéo) et en prenant le temps de traiter les exercices. Il ou elle a la possibilité de poser des questions et de demander des indices en cas de difficulté.
Pour avoir une vue d’ensemble de la progression des participantes et des participants, j’ai utilisé l’application Quizziz qui permet de réaliser des questionnaires en ligne. J’ai créé une question associée à chaque exercice du parcours à réaliser durant la séance, plus une question concernant le médium utilisé pour accéder aux contenus. Les questions liées aux exercices ont pour réponses possibles :
- J’ai traité cet exercice sans problème
- Je l’ai traité avec quelques difficulté
- J’ai utilisé un indice déjà donné
- Je demande un indice
La dernière option permet à l’enseignent de savoir que certains participants ou certaines participante ont besoin d’un indice pour traiter un exercice. Une demande peut également être formulée via le canal de discussion de la réunion ou par conversation privée avec l’enseignant via Teams. Les indices des exercices sont mis en ligne dans un tableau padlet dédié.
Le retour fourni par le sondage Quizziz m’a permis de constater que la grande majorité des participants ont été actifs pendant les deux heures. Il a aussi permis de constater les différences de vitesses de progression et donc l’intérêt de l’approche asynchrone utilisée. Voici la progression des participantes et participants à la moitié de la durée de la séance. Ces chiffre sont nécessairement biaisé par le fait que certains ou certaines ont probablement oublier de « pointer » sur le formulaire de sondage les étapes atteintes. En conséquence le graphique devrait être sensiblement décalé vers la droite pour mieux refléter la réalité.
Autre information intéressante, 60% des élèves ont choisi d’accéder au contenu par les fiches cliquables, 28% ont utilisé le document pdf, et seulement 16% ont utilisé la vidéo (le total n’est pas 100% parce que des réponses multiples étaient autorisées).
Globalement, j’ai été très satisfait du déroulement de cette séance et j’ai eu le sentiment que les étudiants, les étudiantes et moi avons été beaucoup plus efficaces que lors des séances en présence et en condition dégradée du premier semestre. Cela faisait longtemps que je n’était pas sortit d’une séance d’enseignement avec un aussi bon moral.